FESTIVAL ZÉRO 1 - SOIRÉE D'OUVERTURE - Ralentir : une autre façon d’habiter le monde ?

Pour inaugurer cette 10ᵉ édition, le Festival Zéro1 vous invite à ralentir. Face à un monde qui s’emballe, cette soirée de projections propose un temps suspendu, une exploration de ce que signifie le rythme, l’attente, la trace laissée par nos sociétés en mouvement. 

Trois films, trois perspectives, un dialogue entre les ruines du passé, la lenteur du vivant et la violence du présent.

Avec Junkyard de Felix Luque et Iñigo Bilbao, nous sommes confrontés aux restes de notre époque industrielle. Le film explore les épaves de notre civilisation consumériste, révélant ce que nous léguerons aux générations à venir : non pas des monuments, mais des débris. Inspiré par la pensée de Paul Virilio sur la technologie et ses accidents, Junkyard nous force à reconsidérer l’idée même de progrès : et si l’accident n’était pas un effet secondaire, mais l’essence même de notre modèle industriel ?

Puis, avec Télédésir de Cindy Coutant, nous pénétrons un monde où le temps se dilate. Un univers peuplé d’escargots, où l’individualité et l’identité s’effacent, où la communication devient fusion, et où un autre rapport au monde se dessine. Là où Junkyard expose la frénésie destructrice de l’accélération, Télédésir nous invite à expérimenter une temporalité organique, où l’existence n’est plus fragmentation mais continuité. Loin des injonctions à la productivité, ce film propose une alternative : une manière d’être qui ne serait plus en rupture, mais en harmonie avec ce qui l’entoure.

Enfin, Slow Violence de Joanie Lemercier nous ramène à la réalité brutale de notre époque. À Hambach, en Allemagne, une forêt millénaire disparaît sous les assauts de l’extraction minière du lignite. La mine avance lentement, mais inexorablement, avalant chaque jour un peu plus de terre, de vie, d’histoire. La "violence lente", concept développé par le chercheur Rob Nixon, décrit ces catastrophes qui ne frappent pas en un instant, mais s’étendent sur des décennies, rendant leur gravité difficile à percevoir. En confrontant les images saisissantes de cette destruction à la résistance des activistes, Slow Violence pose une question essentielle : comment lutter contre ce qui se déploie à un rythme qui dépasse notre capacité immédiate à réagir ?

Ces trois films composent un voyage en trois temps : l’accélération qui consume, la lenteur qui relie, et la résistance qui s’organise. Ils nous invitent à reconsidérer notre rapport au temps, non plus comme une ressource à optimiser, mais comme un espace à habiter différemment.

Et si ralentir, ce n’était pas seulement s’arrêter, mais apprendre à percevoir autrement ?